A gauche et à droite, devant la poussée du Front national, les scénarios le plus divers surgissent. L'un d'entre eux, imaginé par Dominique de Montvalon dans le JDD du 28 octobre, parait farfelu, mais à bien y regarder ? …Il s’agit de la possible dissolution de l'Assemblée nationale après les régionales de décembre. L'objectif? Répliquer face à un FN qui inquiète.
Si le Front national réussissait à s’emparer en décembre de la présidence du Conseil régional du Nord-Pas-de-Calais-Picardie et de celle de Provence-Alpes-Côte d’Azur, François Hollande, devant la gravité de la situation, pourrait choisir de prendre les Français à témoin et dissoudre l’Assemblée nationale. C’est en tout cas un des scénarios, le plus extrême, qui circule aujourd’hui dans le monde politique. Voici le détail, en quatre étapes, de cette hypothèse de travail.
Hollande en "père de la nation", Sarkozy à Matignon?
1) Le chef de l’Etat, faute d’avoir réussi à empêcher cette double conquête de l’extrême droite et soucieux de stopper l’élan de Marine Le Pen (que le député PS Malek Boutih voit déjà l’Elysée en 2017), dramatise au lendemain des élections régionales. François Hollande s’adresse aux Français et provoque au début de l’année 2016 des élections législatives anticipées.
2) Hypothèse la plus probable dans ce contexte tendu : la gauche est laminée, le FN marque des points et, selon toute vraisemblance, à la faveur du scrutin majoritaire, la droite et le centre obtiennent à l’Assemblée une majorité absolue des sièges.
3) Suit alors une période de cohabitation, sur le modèle de celle entre Mitterrand et Chirac, de 1986 à 1988. François Hollande s’efforce alors, en "père de la nation", de rester au-dessus de la mêlée et, se refaisant une "santé", laisse la droite gouverner. Mais qui à Matignon? Evidemment Sarkozy et sûrement pas Juppé, répond un élu de gauche qui sait, comme tout le monde, que l’ancien président de la République, aujourd’hui président de LR, est l’adversaire dont rêve Hollande pour 2017.
4) Nicolas Sarkozy, devenu par hypothèse Premier ministre, multiplierait alors et vite, pronostique-t-on, les gestes et décisions destinées à apporter la preuve concrète, notamment sur le terrain économique et social, que le changement, c’est… maintenant. Et qu’avant même la présidentielle, on aurait changé de logiciel. Il ne manquerait pas, par ailleurs, de faire valoir aux derniers récalcitrants que, sauf à être suicidaires, la droite et le centre doivent oublier leur projet de… "primaire". CQFD.
Quoiqu’on pense de ce scénario, imaginatif, il témoigne du trouble provoqué dans le monde politique par la poussée du Front national qu’alimente le dossier passionnel des flux migratoires. A droite, on s’inquiète en effet d’une glissade supplémentaire possible d’une partie des électeurs vers les populistes, notamment dans le Sud. A gauche, on s’inquiète parallèlement de nombre de ceux qui, dans l’électorat populaire, souhaitent aujourd’hui, comme ils disent, "renverser la table".
Source : leJDD.fr 28-10-2015