Déjà très tendue, la situation est devenue dramatique samedi 10 avril à Bangkok, en Thaïlande, où de violents heurts ont éclaté entre forces de l'ordre et les «chemises rouges», ces opposants qui réclament depuis un mois la démission du Premier ministre Abhisit Vejjajiva. Selon un dernier bilan, 15 personnes ont été tuées, dont quatre soldats, quatre civils et un caméraman japonais travaillant pour l'agence Reuters.

Par ailleurs, près de 700 personnes ont été blessées dans ces affrontements, les plus meurtriers en Thaïlande depuis près de vingt ans.

Déployées en grand nombre, les forces de l'ordre ont commencé par faire usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes pour disperser des manifestants qui tentaient de bloquer les accès du centre de commandement régional de l'armée. Des coups de feu ont alors été entendus tandis que d'autres accrochages sporadiques se sont produits dans l'après-midi dans le centre historique de la capitale. Dans la soirée, vingt soldats ont été blessés par une explosion survenue sur l'avenue Ratchadamnoen, selon un porte-parole de l'armée.

Face au risque que le bilan ne s'alourdisse encore, et constatant qu'elle ne parvenait pas à prendre le dessus, l'armée a décidé de battre en retraite vers 21h (15 heures en France).

«Rester jusqu'à la dissolution du Parlement»

Des dizaines de milliers de policiers et de soldats ont été mobilisés par le gouvernement, notamment autour d'un important quartier commercial de Bangkok, occupé depuis huit jours par des milliers de «chemises rouges». Face à ce déploiement de force, pour contrer une éventuelle évacuation de force, les leaders «rouges» ont disposé des camions et des véhicules en travers de certaines intersections. «Je veux dire à Abhisit qu'il peut tenter de nous évacuer n'importe quand», déclarait l'un d'eux, Nattawut Saikuar. «Nous sommes décidés à rester jusqu'à ce qu'il annonce la dissolution du Parlement».

Les «rouges», parmi lesquels de nombreux partisans de l'ancien Premier ministre en exil, Thaksin Shinawatra, réclament des élections législatives anticipées. Ils estiment illégitime le gouvernement d'Abhisit, arrivé au pouvoir en décembre 2008 à la faveur de décisions de justice et de renversements d'alliances parlementaires. Le premier ministre a réaffirmé samedi soir, à la télévision qu'il refusait de démissionner. La veille, déjà, il avait averti ne céderait pas aux exigences des opposants après avoir déjà accepté d'avancer la date des élections à la fin 2010 au lieu de 2011.

Deux morts en avril 2009

Les «rouges» ont installé leur campement dans le quartier commercial de Ratchaprasong depuis samedi dernier et ont installé une vaste estrade où se succèdent orateurs et musiciens, et où dorment parfois enfants et personnes âgées. Des centaines d'échoppes ambulantes, vendant des t-shirts et des casquettes rouge vif, ainsi que des plats chauds, donnaient un air de kermesse à ce quartier où les centres commerciaux de luxe ont baissé le rideau depuis une semaine.

Le gouvernement est conscient que l'usage de la force pourrait se révéler désastreux, alors que le pays se souvient encore d'avril 2009, lorsque deux personnes avaient été tuées et plus de 120 blessées en marge de la précédente mobilisation d'ampleur des «rouges».

Source AFP  10-04-2010

Informations  MONTESQUIEU-VOLVESTRE, FRANCE, MONDE : Vous souhaitez être informé régulièrement sur les nouveautés mise en ligne sur ce Blog, inscrivez vous à la Newsletter (voir dans la colonne ci-contre)